Développer de nouveaux usages et offres de services grâce à la technologie blockchain

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Depuis 2016, SystemX multiplie les projets visant à valoriser le potentiel de la blockchain dans sa capacité à transformer les modèles économiques et les usages. L’institut s’intéresse plus particulièrement aux nouvelles applications et services exploitant cette technologie de stockage et de partage d’informations sécurisée et infalsifiable, qui s’affranchit des tiers de confiance. Il a mis au point la plateforme technologique BEST (Blockchain Environment for Smart Trust), pour instancier et expérimenter des cas d’usage dans les domaines de la mobilité, de l’énergie et de la finance, lever les verrous technologiques associés et valider leur faisabilité technologique, économique et juridique.

La blockchain peut-elle améliorer la valorisation des véhicules d’occasion ? C’est l’un des cas d’usage étudiés par les équipes de SystemX et ses partenaires qui a abouti à un démonstrateur permettant d’automatiser, de sécuriser et de partager les informations relatives à un véhicule à travers un carnet d’entretien virtuel décentralisé et sécurisé, entre tous les acteurs clés de la chaine de valeur automobile (constructeurs automobiles, garagistes, compagnies d’assurance, services d’archivage de documents, utilisateurs, etc.). Il permet de certifier la traçabilité du cycle de vie d’un véhicule et de son kilométrage, depuis son achat jusqu’à sa destruction, en passant par les étapes de maintenance et de revente. La réalisation d’un démonstrateur sur la plateforme BEST a permis de valider la pertinence de ce cas d’usage.

Interview

Aldric LOYER

Pilote de roadmaps technologiques d’architectures électroniques,
Groupe PSA

Quels bénéfices tirez-vous de votre collaboration avec SystemX ?

Avec l’IRT, nous apprécions d’avoir la possibilité d’approfondir des technologies qui ne sont pas issues du monde automobile. L’institut nous permet d’instruire des technologies, telles que la blockchain, qui viennent de l’informatique traditionnelle et qui sont très peu connues de nos équipes embarquées. De plus, le caractère multifilière et multipartenarial des projets nous intéresse particulièrement sur ce type de travaux amont. Il permet d’atteindre une masse critique en bâtissant un écosystème d’entreprises compétentes dans un domaine précis, de partager nos visions et de pouvoir analyser le potentiel d’une technologie, en mutualisant à la fois coûts et compétences.

Quels résultats concrets ces travaux ont-ils apportés au Groupe PSA ?

Dès le départ, l’ambition était de bien comprendre et évaluer la maturité de la technologie blockchain, en appliquant des « Proof-of-Concept » (PoC) techniques appliqués à des cas d’usage sectoriels – dans notre cas, expérimenter la blockchain au profit de la mise en œuvre d’un carnet d’entretien sécurisé du véhicule. Le fait d’intégrer des juristes était intéressant pour disposer d’une vision opérationnelle de l’utilisation et de l’apport de la blockchain par rapport aux contraintes légales de manipulation des données. La blockchain est en effet en rupture par rapport à nos modes de gestion de la donnée traditionnels. Enfin, après avoir expliqué à nos équipes techniques les résultats du PoC réalisé, nous avons décidé d’aller plus loin et de développer un « Proof of Value ». C’est l’ambition d’une nouvelle collaboration avec SystemX qui se focalise uniquement sur des cas d’usage automobiles. Il embarque un consortium d’acteurs du monde automobile (constructeurs, réparateurs indépendants) et de l’assurance, et ambitionne de développer et d’expérimenter un « Minimum Viable Product », qui visera notamment à évaluer ce que le carnet d’entretien du véhicule basé sur la blockchain apporte du point de vue de l’utilisateur final.

L’institut a développé un démonstrateur permettant de déployer une
place de marché d’énergie, basée sur une blockchain locale avec des capacités Vehicle to Grid se basant sur des bornes de recharges privées. Il permet à des foyers d’acheter de l’énergie produite localement (par exemple issue des panneaux photovoltaïques) ou stockées dans des batteries, sans l’intervention de tiers de confiance. Les échanges énergétiques sont comptabilisés de manière sécurisée et automatisée par des Smart Contracts, sur une blockchain dédiée qui implémente un token représentant une valeur monétaire. Les volets gouvernance et modèle économique ont également été largement approfondis dans le cadre de ce cas d’usage.

Interview

Gilles DELEUZE

Blockchain coordinator, Systems Risks & Safety Analyst
Groupe EDF

Quelles étaient les attentes du Groupe EDF à travers l’étude du cas d’usage place de marché d’autoproduction / consommation collective reposant sur la technologie blockchain ?

En 2017, la blockchain était un sujet très amont et relativement nouveau pour nous. En rejoignant le projet BST (Blockchain for Smart Transactions) de l’IRT SystemX, nous étions dans une démarche d’exploration et d’apprentissage. EDF a été impliqué dans le deuxième PoC du projet, qui portait sur l’autoconsommation d’une place de marché collective, car c’était le sujet par lequel la blockchain rentrait dans le domaine de l’énergie. Nous avions déjà commencé à réfléchir à ce sujet à travers une thèse menée avec Télécom Paris ; c’était pour nous l’occasion d’aller plus loin et de nous appuyer sur SystemX pour développer une solution. Nous nous étions fixé deux objectifs : prouver que la blockchain pouvait consommer peu d’énergie, et démontrer sa capacité à traiter rapidement les informations relatives à un quartier de 200 foyers. Nous avons testé la plateforme dans notre laboratoire d’EDF Lab les Renardières : les essais ont été concluants, à la fois au niveau de la faible consommation d’énergie, du coût et de la faisabilité technique.

Suite à votre investissement au sein du projet BST, quelles actions avez-vous ou allez-vous mettre en place ?

De nombreuses publications techniques ont été rédigées et des démonstrations ont été réalisées auprès de nos équipes pour leur montrer combien les applications de cette plateforme sont concrètes. Nous avons ensuite continué à la faire vivre de deux façons : en premier lieu, nous avons modélisé le système pour étudier sa disponibilité, puis nous avons réalisé un second PoC dans le cadre d’un projet BOOST mené avec SystemX. Dans ce cas d’usage, nous allons encore un cran plus loin puisque nous avons modélisé une place de marché d’autoconsommation collective avec des véhicules électriques qui se rechargent en se déplaçant d’un quartier à un autre. Nous avons aussi étudié le décompte du transport d’énergie entre ces groupes. Ces projets nous ont permis de constater le véritable potentiel de la technologie blockchain, tout en continuant à développer nos simulateurs. Il s’agit là d’un système sociocyberphysique particulièrement complexe, capable de relier blockchain et différentes couches physiques (production solaire et consommation d’énergie).

Focus

Dans le cadre de ces travaux, trois publications ont été distinguées :

« Blockchain Energy Market Place Evaluation: an Agent-Based Approach », par Kei-Leo Brousmiche, Tesnim Abdellatif, Omar Dib et Andra Anoaica, à l’occasion de la 9 conférence annuelle « Information Technology, Electronics and Mobile Communication », Vancouver, Canada (IEEE IEMCON 2018).

« Named Data Networking: A Promising Architecture for the Internet of Things (IoT) », par Maroua Meddeb, lors de l’IGI Global’s 11th Annual Excellence in Research Journal Awards (Computer Sciences, 2019).

« Bitcoin transaction visualisations », par Natkamon Tovanich, à l’occasion d’EUROVIS’19 (poster prize).

Sécurité numérique et réseaux